Henning Mankell
Éditions du Seuil
2009 – 341 pages
Roman
C’est sans même jeter un oeil au quatrième de couverture que j’ai ramassé ce bouquin à la bibliothèque, me disant qu’il était plus que temps que je lise un polar de cet auteur réputé pour être l’un des maîtres du genre. Mais je devrai me reprendre. Mankell ne pond pas que des polars, il écrit aussi, et fichument bien, des trucs pleins d’humanité et de sensibilité, quoiqu’un brin étranges.
« La plupart des voyages dont on rêve n’ont jamais lieu. Ou alors on les accomplit intérieurement.
L’avantage quand on emprunte ces vols intérieurs, c’est qu’on a de la place pour les jambes. »
Fedrik, un ermite de 66 ans vit sur une île. Seule la visite épisodique d’un facteur hypocondriaque vient lui rappeler son passé de médecin. Un bon matin d’hiver, le facteur dépose devant chez lui une vieille dame et son déambulateur. Harriet vient lui réclamer la réalisation d’une promesse faite 40 ans plus tôt parce que c’était « la seule promesse vraiment belle » qu’on lui ait jamais faite. Elle sera la première d’une série de femmes qui viendront bouleverser le néant qui lui tient lieu de vie.
C’est l’histoire d’une défilade, d’un homme en cavale, mais paradoxalement immobile depuis longtemps. Celle d’un chirurgien qui fuit une erreur médicale qu’il est toujours incapable d’assumer. Celle d’un être sensible qui esquive cette peur d’être trahi, cette peur du lien, cette peur de sentiments trop intenses pour être controlés. L'histoire d’un homme qui cherche par tous les moyens à s’éloigner de lui-même.
« J’ai parlé de la surabondance et de la simplicité. De la perfection et de l’accomplissement
qui n’existent peut-être pas, mais qui se laissent entrevoir parfois dans la
compagnie de bons amis par une belle soirée. »
Mankell parle de mensonge. Celui que l’on raconte aux autres, mais d’abord à soi. Il parle la peur de nous-mêmes et de ce que nous apercevons de nous chez les autres. Il parle de la solitude et du silence pour « ne plus s‘entendre crier à l’intérieur ». Il parle de fin et de recommencement. Il parle surtout du sens de l'existence et de la possibilité toujours existante de le retrouver. Il parle de la mort, mais uniquement, d'une manière dialectique, pour mettre la vie en valeur. Il parle du fait qu’on ne peut, jusqu’à la fin, jouer à la cachette avec soi-même.
Mon premier Mankell a donc été une très agréable surprise.
Très belle critique. Ça me donne envie de lire Mankell. J'avais essayé de lire Avant le gel. Je suis arrêtée à moitié. Je ne sais pas si c'est la traduction qui fait que j'ai un blocage de lecture. Je peux toujours donner une autre chance à cet auteur que je reconnais immense.
RépondreSupprimerMerci. Je lirai bientôt "Un homme inquiet", le dernier épisode de son fameux inspecteur Wallander. J'ai hâte de voir si l'écriture est la même dans ce vrai polar.
RépondreSupprimerMerci de la critique, je le reprendrai peut-être alors. Moi aussi, j'ai aimé le titre et la couverture. Je l'ai commencé l'été passé mais je n'ai pas accroché ... je vais m'y remettre et je te reviens.
RépondreSupprimerJe vous souhaite que le deuxième essai soit plus fructueux ;-)
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